forccast

Controverses mode d’emploi

Les sciences et les corps des femmes

Le troisième et dernier parcours invite à observer, au Jardin des Plantes à Paris et le long du boulevard de l’Hôpital qui le jouxte, des lieux de production de connaissances et de techniques scientifiques et médicales, qui concernent tout particulièrement les femmes.
À travers l’histoire de la Vénus hottentote exposée au Muséum national d’histoire naturelle et des femmes qualifiées d’hystériques qui furent internées à l’hôpital de la Salpêtrière, nous verrons que les corps des femmes, particulièrement de celles placées dans les limbes de la société, ont été l’objet de recherches scientifiques nombreuses. Ces travaux ne se contentèrent pas de traduire des préjugés sociaux forts sur des individus marginalisés en leur conférant un statut de savoir. Ils traduisent en réalité une coproduction des dispositifs de connaissances et de l’ordre social, qui rejaillit sur l’ensemble de la population et dont les mécanismes méritent l’attention. Si certaines femmes deviennent hystériques et que des savants situent l’origine de leur névrose dans l’utérus, ou dans le cerveau féminin, c’est l’ensemble des femmes qui est caractérisé comme potentiellement apte à développer une folie. Les stéréotypes qui ont conduit à ces descriptions scientifiques s’en trouvent alors renforcés et rationalisent la mise à l’écart des femmes du gouvernement des affaires publiques.
Comme le souligne l’historienne et sociologue Delphine GardeyDelphine Gardey, « Histoires de pionnières », Travail, genre et sociétés, 4 (2), 2000, p. 29-34., une telle analyse conserve toute sa pertinence aujourd’hui. La place des femmes dans la production des savoirs, et notamment ceux qui les concernent directement, n’est pas linéaire, ni progressive : elle est faite d’à-coups et parfois de régressions. C’est ce que donnent à voir la séquence sur la Pitié-Salpêtrière, où fut pratiquée en 1974 la première péridurale en France, et la question des violences obstétricales dans les maternités aujourd’hui.
L’article en PDF