publié par Equipe FORCCAST le 26 janv. 2017
Le 19 et 20 novembre 2016, les étudiants du campus de SciencesPo à Reims se sont mis dans la peau des négociateurs des Nations unies sur le climat. La simulation a eu lieu en parallèle de la COP22 qui se tenait à Marrakech.
Après un semestre de préparation encadrée par Forccast, 120 étudiants du Campus de Reims ont joué le rôle de ministres, d’ambassadeurs, de hauts fonctionnaires, d’experts, de représentants d’entreprises, d’associations, d’organisations internationales et de collectivités locales dans une négociation de la COP22, comme s’ils étaient à Marrakech.
Les étudiants du campus de Reims ont tout de suite été séduits par le projet de simulation porté par Forccast : ils se sont impliqués tout au long du semestre d’automne, jusqu’à en devenir les co-organisateurs. Ce fut particulièrement le cas de la branche rémoise de Sciences Po Environnement et de Reims International Model United Nations (Rimun). Cet engagement remarquable est une condition de la reproduction de ce type d’expériences, à Reims et sur d’autres campus.
Cette simulation de négociations a été organisée dans la continuité de plusieurs exercices similaires à Sciences Po depuis juin 2011, lorsque Richard Descoings, Bruno Latour et Laurence Tubiana ont proposé à plus d’une centaine d’étudiants de différents masters de Sciences Po Paris de rejouer la conférence de Copenhague sur le climat de 2009. Ce projet collectif, encadré par l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et intitulé Copenhague : et si ça s’était passé autrement ?, COP Rewind (COP RW), avait rassemblé 150 étudiants pendant une semaine de délibérations dans les locaux de la rue Saint-Guillaume.
Quatre ans plus tard, Bruno Latour et Laurence Tubiana ont réitéré l’exercice, cette fois-ci en amont de la négociation réelle. En juin 2015, 150 étudiants ont simulé la négociation de la COP21, six mois avant la conférence de Paris, organisée au Bourget. L’expérience était intitulée Paris Climat 2015 : Make it Work. Dans un format innovant de négociation, les étudiants y représentaient non seulement les acteurs de la COP – Etats, associations, experts, entreprises – mais aussi des acteurs non humains. Les forêts, les océans, la terre ou encore les énergies fossiles avaient leur mot à dire à travers leurs représentants, tout au long de cette négociation d’une semaine tenue au théâtre des Amandiers à Nanterre.
Henri Landes, participant de COP RW en tant qu’étudiant et tuteur de l’équipe étudiante organisatrice de Paris Climat 2015 : Make it Work, est aujourd’hui chargé de mission sur la pédagogie par simulations de négociations et de débats au sein du programme Forccast. S’inspirant des deux premières expériences sur les négociations climatiques, il a accompagné les étudiants du campus de Reims dans une nouvelle innovation pédagogique. Les participants ont cette fois pu représenter des acteurs non étatiques qui jouent un rôle de plus en plus important dans les négociations. Le Breakthrough Energy Coalition, les grandes institutions financières ou encore le réseau des ville lentes (Slow City Movement) parmi d’autres ont négocié sur l’avenir de l’économie mondiale.
En amont de la négociation, les étudiants se sont imprégnés des enjeux du changement climatique en rédigeant un papier de positionnement pour la COP22. Chaque papier fut soigneusement relu et commenté par deux étudiants en Master à Sciences Po et membres de l’association CliMates, un think et do tank étudiant sur le changement climatique. L’un d’eux, Jérémy Mast, avait d’ailleurs participé à la première simulation sur les enjeux énergétiques au sein du Grand Paris, organisée par Forccast en décembre 2014. Ces retours personnalisés sur chacune des fiches témoignent du haut degré de préparation de l’expérience et constituent une garantie de la qualité des apprentissages que souhaite promouvoir Forccast. Tout au long du semestre, Henri Landes avait de plus tenu trois séances de formation sur les négociations climatiques. Le résultat fut très probant.
Après deux jours de négociations, les étudiants ont proposé des solutions qui élargissent le périmètre des négociations climatiques réelles. En plus de mesures sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ils se sont positionnés sur l’accélération du développement de l’agro-écologie, de la mise en place d’un prix du carbone à l’échelle mondiale et de l’éducation à l’environnement. Afin d’approfondir l’apprentissage et de compléter l’expérience pédagogique des étudiants, Forccast a conclu le projet par une séance de débriefing avec deux acteurs impliqués dans les négociations climatiques réelles, Samuel Leré, Chargé de projets climat-énergie à la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et pour l’Homme, et Bénédicte Niel, membre de CliMates. C’est lors de cette conférence le 28 novembre 2019 que les étudiants ont pu écouter une analyse à chaud des résultats de la COP22 ainsi qu’échanger avec des spécialistes sur les propositions élaborées pendant la simulation.
A travers ce projet, les étudiants ont bien saisi l’urgence de lutter contre le changement climatique avec une approche collective et pluridisciplinaire. C’est pourquoi ils ont exprimé le souhait de reproduire la simulation sur le campus au cours des prochaines années.
A noter également, l’intérêt d’acteurs locaux pour cette expérience pédagogique originale sur le campus de Sciences Po : l’agence de développement économique de Reims, Invest in Reims, a par exemple réalisé un reportage sur la simulation de la COP22.
Toute l’équipe du programme Forccast souhaite que cette simulation contribue à l’avenir à amplifier les collaborations avec le campus de Reims, mais également avec les autres campus de Sciences Po !