publié par Equipe FORCCAST le 26 janv. 2017
Soucieux de diffuser ses innovations au-delà du consortium qui le fonde, le programme Forccast a organisé une simulation au mois de décembre 2016 à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Les étudiants concernés ont ainsi été immergés au cœur d’une controverse particulièrement vive au niveau régional, sur le barrage de Poutès.
Le 1er décembre 2016, Forccast a organisé une journée de simulation pour les seize étudiants en master Géo-environnement et ceux qui s’intéressent au fonctionnement et restauration des milieux aquatiques continentaux (FREMAC), de l’UFR Sciences et technologies de l’Université de Clermont-Ferrand. Il s’agissait pour Forccast de diversifier ses partenariats et de tester l’apprentissage par simulation au sein d’une nouvelle université. La collaboration fut fructueuse avec Laurence Rodier, Directrice de l’UFR Sciences et Technologies, Delphine Latour, Maître de conférences au Laboratoire Microorganisme : Génome et environnement, et Gilles Bourdier, ancien Directeur de l’UFR.
Les deux composantes essentielles du programme Forccast ont à cette occasion été parfaitement assemblées : la simulation proposée aux étudiants à en effet porté sur une controverse de longue date active en région Auvergne : la controverse relative au barrage de Poutès. Le barrage de Poutès est un ouvrage contesté depuis la construction d’une centrale hydro-électrique sur l’Allier en 1941. Malgré des aménagements réalisés au milieu des années 1980 sur le barrage, l’ouvrage aurait selon ses détracteurs un impact environnemental désastreux sur les poissons migrateurs, qui se trouvent en grande majorité dans l’impossibilité de remonter jusqu’aux sites de reproduction. Or l’Allier est l’une des dernières rivières françaises fréquentée par les saumons atlantiques.
En 2007, ce sujet avait fait l’objet d’un travail exemplaire de description des controverses dans le cadre du cours de l’Ecole des Mines à la racine de Forccast. Cette étude remarquable a servi de base à la simulation proposée en 2016 aux étudiants de l’Université de Clermont-Ferrand, même si un important travail d’actualisation a évidemment dû être réalisée par l’organisateur, Henri Landes, chargé de mission sur la pédagogie par simulation au sein de Forccast.
Au croisement des enjeux énergétiques, économiques, sociaux et environnementaux, le barrage de Poutès est un objet pertinent d’une simulation car il permet de confronter les étudiants à une situation de prise de décision dans l’incertitude. L’exercice proposé par Forccast a plongé les participants en 2010, au moment où tensions entre les parties prenantes étaient à leur apogée, ce qui rendaient les négociations et la décision particulièrement complexes. La mission des étudiants a consisté à négocier dans le cadre d’une concertation locale sur l’avenir du barrage, avant que les acteurs ne se mettent d’accord sur un projet de « Nouveau Poutès », décidé en 2011 par la ministre de l’Environnement. Ce n’est en effet que lorsque le sujet des barrages hydrauliques a été mis à l’ordre du jour du Grenelle de l’environnement et qu’une Convention d’engagements pour le développement de l’hydroélectricité durable a été signée que les affrontements ont pu aboutir à une entente et une collaboration fructueuse entre les associations et les industriels.
Les étudiants ont joué les rôles d’élus locaux, dont le Président du Conseil général de la Haute-Loire, des cabinets ministériels, des cabinets d’études, l’Office nationale des eaux et des milieux aquatiques, EDF et des associations environnementales, telles que WWF et SOS Loire vivante.
Le Président du Conseil général de la Haute-Loire, incarnée par Noémie Jourdain, étudiante en Géo-environnement, a accompli avec brio la délicate mission de conduire les négociations. La journée s’est achevée par une conférence de presse, au cours de laquelle un étudiant jouant le rôle d’un journaliste a interrogé le Président du Conseil général, les représentants d’EDF et de WWF sur le résultat des négociations. Les étudiants ont trouvé un compromis sur l’avenir du barrage similaire à la solution réelle du “Nouveau Poutès”. Ils ont décidé de réduire la taille du barrage de manière considérable, afin de mieux protéger la biodiversité aquatique et terrestre, de tester différents mécanismes de passe à poissons et de les évaluer grâce à un conseil scientifique et un comité décisionnel au cours de leur mise en œuvre.
Afin de préparer la négociation, les étudiants ont bénéficié de quatre séances de formation menées par Henri Landes. Ils ont eu l’occasion de rencontrer et d’échanger avec les vrais acteurs du dossier que Forccast a invité à l’Université : ils ont tout d’abord discuté avec Martin Arnould, spécialiste des questions eaux et des milieux aquatiques de WWF, puis avec Sylvain Lecuna, en charge du projet du “Nouveau Poutès” chez EDF.
Les étudiants en formation scientifique ont particulièrement apprécié cette expérience pédagogique, notamment parce qu’il leur permet d’être sensibilisé à la complexité de l’interface entre la science et la politique :
Fait notable, cette innovation pédagogique a attiré l’attention de la presse locale : le quotidien régional La Montagne a notamment publié deux articles sur la simulation :
L’expérience montre clairement l’intérêt que la simulation présente pour différents publics de l’enseignement supérieur et qu’elle peut trouver une place dans les cursus offerts par les Universités.