Une simulation sur le thème “Mesurer les inégalités mondiales” se prépare à l’Université Paris-Est Créteil (1 / 2)

publié par équipe FORCCAST le 13 déc. 2018

catégories Controverses · Enseignement supérieur · Simulations

Le mardi 4 décembre, le premier volet d’une simulation Forccast a été présenté par plus de 120 étudiants de la Faculté d’Administration et Echanges Internationaux (A.E.I.) de l’Université Paris-Est Créteil. Les étudiants issus des différentes filières de Master 1 de la faculté se sont réunis lors d’une conférence de presse.

La conférence de presse du Comité des politiques de développement (CDP), un organisme consultatif de l’ECOSOC (Conseil Economique et Social des Nations Unies), a donné le coup d’envoi des préparatifs pour la conférence sur la « Mesure des inégalités », qui aura lieu dans deux semaines.

L’IDH remis en question

L’événement jalonné de frénétiques interventions a mobilisé de nombreux acteurs. Des délégations venues des quatre coins du monde se sont rassemblées pour débattre du bien fondé de l’Indice de Développement Humain (IDH) en tant qu’instrument de mesure des inégalités mondiales.

Cet indicateur composite, reposant sur trois dimensions de développement humain d’un pays donné (espérance de vie, niveau d’éducation et niveau de vie décent), fait l’objet d’une vive controverse et a suscité bien des contestations. L’IDH rend-il objectivement compte des inégalités ? Plusieurs opinions s’affrontent notamment autour des points suivants : la fiabilité des données premières, le maintien d’une approche monétaire dans le calcul de l’IDH, l’incorporation des inégalités qualitatives (ex. inégalités linguistiques) dans le calcul de l’IDH et enfin, les méthodes de calcul utilisées (moyenne simple et normalisation du PIB).

Face à ces divergences, il est en effet difficile d’aboutir à un consensus. Si certains acteurs ont mis en avant la question des inégalités économiques, d’autres ont clairement affiché leur volonté de rompre avec une approche purement monétaire. Cela a été notamment le cas de la délégation mexicaine, ainsi que de la délégation de Trinité-et-Tobago qui se sont exprimées en faveur d’une approche plus qualitative et humaine pour traiter des inégalités.

Interroger les instruments de mesure

L’idée d’une simulation sur la controverse des mesures des inégalités mondiales est née dans le cadre du cours “Grands enjeux sociaux et politiques contemporains” dispensé par Isabel Ruck, chargée de mission pour la simulation de débats et de négociation à Forccast. En effet, les étudiants abordent dans cet enseignement la diversité des inégalités mondiales, ainsi que les divers instruments de mesures pour celles-ci.

Alors que le cours magistral expose déjà les étudiants à des statistiques telles que l’IDH, l’index de la sécurité alimentaire ou encore le coefficient GINI, la simulation permet de mieux les interroger, ainsi que d’explorer les controverses existantes autour de ces instruments de mesure.

Pour ce faire, les étudiants avaient endossé dès le début du semestre le rôle d’un acteur de leur choix, à savoir acteurs gouvernementaux, acteurs de la société civile, experts ou encore groupes industriels. L’objectif était de refléter au mieux les différentes visions sur les inégalités telles qu’elles existent et sont perçues dans nos sociétés. Répartis en 18 délégations-pays, les étudiants ont été ensuite amenés à rédiger un “position paper” par délégation. “Cela n’était pas une tâche facile, car nous avions tous des intérêts divergents au sein de notre délégation”, avoue une étudiante du cours.

Des activistes ont perturbé la conférence et interpellé les différentes délégations

En effet, les étudiants ont été très vite confrontés aux désaccords et incertitudes dans le jeu d’acteur, laissant une position commune hors d’atteinte. Par conséquent, des alliances stratégiques entre acteurs se sont rapidement formées, au détriment d’alliances délégationnelles.

Encore des pistes à creuser

La conférence de presse a constitué une arène dans laquelle les étudiants ont pu s’immerger dans leurs rôles respectifs, ainsi que de jauger le positionnement et le jeu d’acteur des autres. Bien que la conférence de presse ait été très animée et le jeu des acteurs, remarquable, elle a aussi permis de mettre en lumière certaines points d’amélioration pour la suite. Ainsi, les étudiants doivent encore évoluer vers une approche plus complexe des inégalités afin de ne pas rester “campés sur leurs positions”. Certains échanges qui ont eu lieu peuvent laisser penser qu’une partie des enjeux de la controverse n’a pas encore été abordée. Ceci ouvre de belles pistes de réflexion jusqu’à la simulation prévue le 18 décembre !