Reconstruire la ville. Nouvelle simulation en formation continue

publié par Equipe FORCCAST le 17 juil. 2018

catégories Formation continue · Simulations

Au début du mois de juillet 2018, une vingtaine d’élèves de la formation continue de Sciences Po ont participé à une nouvelle simulation pour explorer les controverses qui jalonnent la transition écologique des villes moyennes en France.

Depuis son lancement, Forccast promeut l’apprentissage par simulation de négociation et de débat auprès des différents publics auxquels le programme s’adresse : celles et ceux qui disposent déjà d’une expérience professionnelle et qui sont en formation continue constituent l’un de ces publics. À la fin de l’année 2016, Forccast avait organisé une simulation pour les élèves de l’Executive Mastère de Sciences Po spécialisé en énergie, environnement et régulation. À l’été 2018, une vingtaine de professionnels inscrits au sein de l’Executive Master “Gouvernance territoriale et développement urbain” ont été immergés pendant deux jours au cœur d’une scénarisation taillée sur mesure pour leur formation : l’exercice portait en effet sur les nombreuses questions soulevées par les transitions écologique et énergétique au sein des villes moyennes françaises.

Le microcosme reconstitué se fonde sur une enquête de terrain originale réalisée par les trois organisateurs, Nicolas Benvegnu, Benoît Calatayud et Guilhem Gaboriau. En s’inspirant des situations réelles observées dans des villes comme Angoulême, Montauban, Castres ou Béziers, les organisateurs ont créé une commune fictive qui cristallisait de nombreux problèmes, de nombreux défis auxquels ces villes doivent faire face. La plupart se trouvent dans une situation paradoxale : pendant que les centres-villes se dévitalisent et concentrent des taux élevés de chômage et de pauvreté, le développement se fait en périphérie, autour de centres commerciaux qui consomment généralement des terres agricoles. Les participants ont dû composer avec la logique qui préside à ce modèle de développement, l’analyser, s’y confronter. L’intérêt de l’exercice dépend de l’authenticité des enjeux abordés, comme le souligne par exemple Sylvain Tanguy, l’un des participants, par ailleurs maire d’une commune de l’Essonne : “J’ai trouvé que le jeu avait été préparé de manière vraiment crédible. On reconnaît bien certaines personnes, certaines postures, certaines exagérations, les petits clashs qu’il peut y avoir, les tensions, les “je t’aime – moi non plus”… Avec cette simulation, nous n’étions pas dans un cas d’école, mais vraiment dans le concret.”

Parmi la vingtaine de rôles que les élèves devaient incarner, aussi bien des élus, des chefs d’entreprises que des représentants d’associations, certains étaient porteurs d’enjeux et de projets qui permettaient d’esquisser d’autres modèles de développement urbain, en cherchant à réconcilier l’urbain et le rural, en évitant l’étalement, en se fondant sur des circuits courts et en développant une économie circulaire au niveau local. Les différentes visions se matérialisaient dans les programmes politiques élaborés par celles et ceux qui avaient pour mission de se projeter dans la future campagne pour les élections municipales de la commune fictive au cœur de cette simulation.

En amont de l’expérience, chaque participant avait reçu une fiche de rôle individuelle. C’est par ces fiches consistantes que sont distillés les principaux éléments de connaissance, qui s’assemblent ensuite au moment de la simulation. Les connaissances se nouent ainsi au fil des rencontres, et les participants ont la possibilité de faire évoluer leur rôle, tant qu’ils en respectent les principaux objectifs. Ainsi, Aurélie Jehanno, qui incarnait la présidente d’un groupement d’agriculteurs biologiques avance que “beaucoup de choses sont venues grâce à la dynamique de groupe, qui m’a poussée à durcir certaines positions, en réaction aux événements.”

Les rôles avaient été distribués à contre-emploi, l’une des ambitions de cette expérience pédagogique étant d’apprendre à se mettre à la place de l’autre, à développer l’écoute pour comprendre les logiques d’action de ses interlocuteurs. “Il était intéressant de quitter son champ habituel, analyse Sylvain Tanguy. D’abord pour développer un peu d’empathie pour les autres acteurs, ensuite pour comprendre l’intimité de certaines positions de nos partenaires.” Hamou Laoufi, qui travaille dans le secteur énergétique, ajoute : “c’était un véritable défi : j’ai dû développer des contre-arguments à ce que je fais tous les jours !”

Deux étudiants de master de Sciences Po jouaient le rôle de journalistes, ce qui a permis de maintenir constamment en haleine les différents protagonistes. Interviews à chaud, parution d’articles, débats médiatiques et autres reportages vidéo ont en effet ponctué l’expérience tout au long de ces deux journées. Une présence que les participants ont jugée importante : “La caméra mettait la pression nécessaire pour que l’on joue nos rôles à fond”, rapporte Sylvain Tanguy. Cette énergie de jeu les a d’ailleurs conduits à solliciter d’eux-mêmes les journalistes.

Le thème de la simulation avait été choisi en concertation avec les membres de l’équipe qui assure le suivi pédagogique de l’ensemble de la formation de master, afin de faire écho et de mettre en pratique certains des éléments proposés dans les autres enseignements de la formation continue. Selon Nathalie Chomé, une participante qui a incarné la directrice d’un bureau d’études spécialisé en urbanisme, la simulation rejoignait un certain nombre de thématiques abordées dans la formation, notamment en termes de gouvernance.”

Forccast entend poursuivre son développement en formation continue en offrant prochainement de nouvelles simulations. Deux sont d’ores et déjà prévues en novembre et en décembre prochain à Sciences Po avec des nouveaux masters et sur de nouveaux thèmes. Le succès de cette simulation sur la transition dans les villes moyennes permettra sans doute de proposer cette riche expérience à la nouvelle promotion du master exécutif “Gouvernance territoriale et développement urbain”.