publié par Equipe FORCCAST le 08 nov. 2017
Le 19 octobre 2017, Vincent Casanova a proposé une journée de formation sur l’analyse des controverses pour une vingtaine d’enseignants du lycée Guillaume Apollinaire de Thiais (94).
L’engagement du programme Forccast dans la formation continue des enseignants du secondaire se poursuit en cette nouvelle année scolaire 2017-2018 : une vingtaine de professeurs du lycée Guillaume Apollinaire à Thiais (Val-de-Marne) a participé à une journée de formation le jeudi 19 octobre 2017 afin de s’initier à la cartographie des controverses. C’est à l’initiative de Pascale Chaussende, documentaliste de l’établissement et en accord avec Marie-Noëlle Lamblin, proviseure du lycée, qu’ont été présentés les linéaments de cet enseignement dans la perspective de proposer une manière renouvelée de réaliser les Travaux Personnels Encadrés (TPE).
En effet, impliquée depuis plusieurs années dans l’accompagnement des TPE aux côtés de ses collègues de disciplines diverses (sciences économiques et sociales, histoire-géographie, lettres, sciences de la vie et de la terre…), Pascale Chaussende avait partagé, avec d’autres enseignants au printemps dernier, une insatisfaction dans l’accompagnement et la réalisation des travaux par les élèves. Or, elle-même formatrice au sein du Capes interne de documentation, Pascale Chaussende avait pris connaissance de l’expérimentation engagée par l’équipe du lycée Germaine Tillion (93) à travers le mémoire de pratique professionnelle rédigé par Sophie Hervieu, alors documentaliste de l’établissement, pour la validation du concours – qu’elle a obtenu.
Réfléchir à une autre dynamique
C’est de la rencontre de ce diagnostic et de la connaissance de l’expérience développée par Forccast qu’est venue l’idée à l’équipe pédagogique du lycée Apollinaire de découvrir la cartographie de controverses, dans le but de « réfléchir à une autre dynamique ».
En prenant contact avec Vincent Casanova, chargé de mission pour le développement au sein de l’enseignement secondaire du programme Forccast, ils ont conçu cette journée qui combinait tout à la fois théorie et pratique. En tant qu’ancien coordinateur du Microlycée 93, partenaire de Forccast, Vincent Casanova propose la cartographie des controverses à ses classes de lycéens depuis 2013. Il est en cela l’un des initiateurs de l’adaptation des expériences promues par Forccast à l’enseignement secondaire. En plus de ses fonctions au sein du programme Forccast, V. Casanova enseigne à présent au lycée Lycée Léon Blum et il continue de décliner l’analyse des controverses au sein des TPE en première scientifique, en collaboration avec Natacha Ouvrié, enseignante de sciences de la vie et de la terre.
La journée du 19 octobre organisée à Thiais a repris la trame de la formation organisée dans le cadre du Plan académique de Créteil en décembre 2016 et janvier 2017. Vincent Casanova a procédé à des adaptations afin de condenser le programme sur une journée d’initiation. Il a tout d’abord exposé le programme scientifique qui sous tend le développement de la cartographie des controverses et de l’étude sociale des sciences et des techniques. Il s’agissait ainsi d’exposer les fondements et implications épistémologiques que recouvre cette démarche. Celle-ci a été incarnée dans un second temps à travers la présentation de deux travaux réalisés, l’un par un groupe d’étudiants de l’école des Mines et l’autre d’élèves du Microlycée 93 : ces deux exemples ont servi d’appui pour illustrer les attendus de l’exercice, tout en donnant l’occasion de montrer ce qui était plus ou moins réussi et abouti dans les travaux.
Puis, les enseignants de Thiais ont travaillé sur un cas concret – celui des centres d’injection supervisés (CIS) – pour éprouver la nature des analyses à conduire. Par la lecture d’un dossier documentaire constitué d’une dizaine de prises de position très diverses (Académie nationale de pharmacie, rapport de l’INSERM, associations engagées dans la lutte contre la toxicomanie, syndicat de policiers…), il s’est agi, d’une part, de prendre la mesure du travail de recherche à réaliser par les élèves dans le repérage des groupes impliqués dans la controverse. D’autre part, l’analyse du corpus a permis d’identifier les savoirs spécialisés mobilisés par les parties prenantes ainsi que les arènes dans lesquelles le différend se constitue : c’est dès lors la nature même de ce qu’il y a à décrire dans l’étude de la controverse qui a pu être explicitée. Enfin, cette mise en œuvre pratique a permis de faire réfléchir à l’étape cruciale de définition du sujet ainsi qu’aux différentes étapes pour conduire le travail : en soumettant la liste des sujets librement proposés par des élèves de première à l’issue d’une séance d’initiation fondée sur le corpus de la controverse des CIS, cela a conduit à rappeler les critères pour choisir un sujet aussi bien que les manières pour orienter le plus efficacement les élèves vers un choix correspondant à la définition posée dans la matinée. La journée s’est achevée par la distribution d’un exemple de progression semestrielle : cet ultime temps de discussion consistait à revenir sur les tâches à effectuer par les élèves séance après séance et ce afin d’expliciter les différentes étapes de l’encadrement ainsi que les modalités de l’accompagnement et de l’encadrement du professeur. En somme, a été délivré un guide pour un passage à la pratique.
A l’issue de la journée, c’est bien une concrétisation qui est apparue à l’horizon pour une partie des enseignants réunis : tout d’abord parce que certains avaient d’ores et déjà fait le choix de suivre la formation proposée au PAF de l’Académie de Créteil en janvier 2018 ; de plus, parce qu’un quart des enseignants présents se sont déclarés prêts à expérimenter cette nouvelle méthode l’année scolaire prochaine dans le cadre des TPE, contribuant par là même à élargir un peu plus la communauté des enseignants de lycée engagée dans la cartographie des controverses.