publié par équipe FORCCAST le 13 déc. 2018
Depuis janvier 2018, Forccast est engagé dans un partenariat avec l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). Le projet consiste à développer un enseignement par la cartographie des controverses dans les établissements du réseau de l’AEFE.
Ainsi, après plusieurs mois de préparation, des élèves de cinq lycées européens ont participé à une journée de simulation à Sciences Po, le jeudi 22 novembre 2018.
Dans la continuité d’une première vidéo réalisée sur leur préparation à la simulation, les élèves du lycée français d’Athènes ont repris la caméra pour retracer les moments-clés du jour J (vidéo ci-contre).
La première année du partenariat s’est conclue lors d’une grande journée organisée par l’équipe Forccast. Accompagnés de la quinzaine de professeurs participant au projet, les soixante-six élèves volontaires des lycées français d’Athènes, Copenhague, La Haye, Porto et Vienne se sont retrouvés pour partager le fruit de leur investissement au cours des derniers mois écoulés : ils ont participé à une simulation de débats sur deux sujets à l’actualité vive – le glyphosate et l’huile de palme. Pendant près de trois heures et devant une salle comble, ils ont rejoué des situations de débats impliquant des acteurs variés de chacune des controverses.
Cet événement a été l’aboutissement d’un travail au long cours : tout d’abord, Forccast avait initialement convié en janvier 2018 les professeurs engagés dans le projet à une formation de deux jours sur la cartographie de controverses à Paris. Puis, tout au long de la préparation des élèves à leurs prises de rôle, un suivi à distance a été mis en place afin d’accompagner et de soutenir les équipes dans leurs établissements.
Un atelier d’art oratoire pour se mettre en conditions
Avant de monter sur scène, les lycéens ont bénéficié d’une mise en conditions pour rentrer dans la peau de l’acteur, dans tous les sens du terme. En effet, la matinée du 22 novembre a été consacrée à des ateliers animés par quatre comédiens et metteurs en scènes professionnels, afin de parfaire l’exercice de simulation avec des techniques d’art oratoire. Ces derniers travaillaient déjà depuis plusieurs semaines sur la mise en scène dans l’amphithéâtre (placements des acteurs, arènes de débats et scénographie, en concours avec Forccast) et ils ont pu délivrer les ultimes conseils pour que les débats se déroulent au mieux.
Les lycéens, arrivés à Paris la veille, ont été accueillis dès 9h00 et répartis en quatre groupes, selon les sujets et rôles assignés. Ils avaient été informés quelques semaines auparavant des deux personnages qu’ils incarneraient lors des deux temps de simulations. Chacun avait ainsi pu affiner sa maîtrise des positions, arguments, preuves, domaines d’expertise correspondant aux rôles.
Dirigés par leur comédien référent, les élèves ont pu travailler sur toutes les dimensions de l’art oratoire requises par le jeu de simulation. Les échauffements en ouverture d’ateliers ont permis en outre de faciliter les interactions entre élèves, puisque chaque groupe mélangeait des élèves des cinq établissements. Il s’agissait là de favoriser leur cohésion et d’encourager l’esprit d’équipe. Une fois la glace brisée, chacun a été invité à donner vie à son acteur, au moyen d’exercices d’expression vocale et corporelle.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Forccast s’emploie à mêler théâtre et controverses. Luigi Cerri et Benoît Celotto, deux des comédiens présents, avaient déjà participé à une expérience impliquant des lycéens conduite par le programme.
Près de trois heures de simulation dans un amphithéâtre
Introduit par les discours de Nicolas Benvegnu, directeur de Forccast et par Christophe Bouchard, directeur de l’AEFE, l’après-midi a débuté par une réunion publique dans les Bouches-du-Rhône au sujet de la bioraffinerie de La Mède. Les personnages campés de la tête aux pieds dès les premières minutes, à peine impressionnés par l’amphithéâtre plein et les caméras de l’AEFE qui retransmettaient les débats en direct sur leur chaîne Dailymotion (et à terme, en podcasts radio sur leur site), les lycéens ont enchaîné les prises de paroles, interpellations, interventions, actions, pendant presque trois heures. De l’huile de palme au glyphosate, d’une arène de débats à une autre, le public attentif a été capté par une mise en scène immersive. Tantôt assis parmi les spectateurs, surgissant du haut de l’amphithéâtre pancartes à la main, ou dirigeant solennellement les débats depuis la chaire, les élèves ont témoigné de leur implication dans le projet et su rendre compte avec brio de leur compréhension des enjeux qui accompagnent les controverses autour de l’huile de palme et du glyphosate.
La simulation s’est achevée par une audition organisée dans le cadre de la commission d’enquête sur le glyphosate au Parlement européen à Bruxelles.
Bruno Latour, professeur émérite de Sciences Po et fondateur du programme Forccast, a ensuite souligné, au cours d’un discours de reprise, les apports de la cartographie de controverses. Sa mise en perspective permettait de rappeler toute l’ambition didactique et pédagogique de cette pratique : savoir identifier une controverse, explorer ses composants afin de se repérer en situation d’incertitude, et présenter des preuves convaincantes pour se faire entendre dans le débat public ont été entre autres les points mis en avant, et qui sont au fondement du programme Forccast depuis ses débuts.
Enfin, la performance des lycéens, le travail de l’équipe Forccast et des professeurs et la réussite de cette expérience ont été salués lors d’un discours de clôture par le directeur de Sciences Po, Frédéric Mion.
Une matinée pour ouvrir les horizons
La matinée du lendemain a été consacrée à un temps d’échanges entre enseignants. Ces échanges avaient pour but de recueillir les premiers retours sur l’expérience conduite tout au long de ces mois et d’ouvrir des pistes pour poursuivre et déployer l’expérimentation.
Pendant le même temps, les lycéens ont pu rencontrer cinq étudiant.e.s de Sciences Po, ancien.ne.s élèves des cinq établissements européens concernés. Ils ont pu leur parler de la vie estudiantine et des cursus qu’offrait l’institution au sein de ses différents campus. S’en est suivi un temps de questions et de conseils bienveillants, avant d’aller visiter le bâtiment historique de Sciences Po au 27 rue Saint-Guillaume. Tous réunis enfin dans l’amphithéâtre Érignac, chacun s’est vu distribuer un diplôme de félicitations pour leur participation à ces deux journées, souvenir de cet intense séjour parisien.