Quatrième édition de la simulation Grand Paris énergie à l’École d’Urbanisme de Paris Est Créteil

publié par équipe FORCCAST le 04 nov. 2016

catégories Controverses · Enseignement supérieur · Événements · Les actions · Simulations

Dix-sept étudiants de master de l’École d’Urbanisme de Paris (EUP) ont participé jeudi 27 octobre 2016 à la quatrième édition de la simulation de négociations sur la transition énergétique au sein du Grand Paris. Il s’agit pour Forccast d’une première collaboration pour l’organisation d’une simulation au sein de l’Université Sorbonne Paris Cité, puisque l’EUP fait partie de l’Université Paris Est Créteil (UPEC).

La simulation sur les enjeux énergétiques au sein du Grand Paris a été créée pour la première fois par Nicolas Benvegnu, Johann Margulies et Henri Landes en décembre 2014 pour les quarante étudiants de la filière énergie de l’École d’Affaires publiques de Sciences Po. Après une enquête de terrain ponctuée de nombreux entretiens avec les vrais acteurs des projets du Grand Paris, les trois organisateurs ont imaginé une scénarisation et écrit plus d’une trentaine de fiches de rôle individuelles.

L’expérience a ensuite été répliquée en 2015 à l’École des Mines et en 2016 à Sciences Po : le scénario de l’édition originale avait été à chaque fois actualisé et adapté aux contraintes et aux objectifs spécifiques de chaque formation.

Les dix-sept élèves de master en urbanisme de l’EUP se sont à leur tour prêtés au jeu à la fin du mois d’octobre 2016.

Réunion de concertation animée par Monsieur le Préfet

Réunion en préfecture

L’objectif de ces simulations n’est pas tant de parvenir à un consensus que de mobiliser les connaissances des étudiants pour explorer les situations complexes des controverses, au moyen de techniques pédagogiques innovantes, dont la simulation.

Si la finalité pédagogique reste la même d’une simulation à une autre, une problématique d’adaptation s’est cependant posée.

Henri Landes, organisateur de cette quatrième édition, parle du travail réalisé : “J’ai adapté l’exercice en incluant un acteur spécialiste des questions d’urbanisme, précisément un cabinet d’étude.[…] Cette simulation à l’UPEC s’appuie sur les précédentes en ce qu’elle reprend le même scénario, affiné et simplifié tenant compte du temps de préparation plus réduit et du plus petit nombre d’étudiants participants. Les mêmes enjeux sont au cœur de la négociation entre les étudiants : le développement économique, la construction d’infrastructures de transport et de logements, la transition énergétique et écologique. Nous retrouvons aussi les mêmes complexités dans la prise de décision : coordonner une décision entre plusieurs échelles administratives et entre plusieurs acteurs publics et privés.”

Il évoque également l’accompagnement des étudiants dans leur préparation: “J’ai échangé avec chaque binôme et étudiant en amont de la simulation afin de vérifier qu’ils se sentaient bien dans leur rôle et n’appréhendaient pas l’exercice. Je les ai encouragés à se rencontrer toute la journée de la veille de la simulation pour faciliter le dialogue entre eux. Je leur ai fait faire un exercice de prononciation de discours d’une minute sur les enjeux climatiques et énergétiques, en présentant leur position et leur rôle sur ces sujets.”

Quelques étudiants-acteurs partagent leur ressenti après l’expérience

Belén Bucheli, étudiante en seconde année de master Transports et Mobilité, a tenu le rôle d’une représentante d’une entreprise locale fictive, Rénov’Activ: “Je pense que l’un des points les plus remarquables de cette méthode comme outil pédagogique est de permettre aux participants d’assimiler en peu de temps les enjeux en cours, à travers du vécu, un exemple réaliste. C’est justement ceci qui change des méthodes pédagogiques traditionnelles ; pouvoir personnifier notre personnage nous force à comprendre le contexte, réfléchir sur les problématiques et les enjeux liés […]. Ça permet également d’être plus ouvert au rôle des autres et donc d’essayer de comprendre pourquoi ils sont là, pourquoi ce qu’ils défendent est important.”

Alicia Bell, qui tenait le rôle de la co-présidente d’une association d’habitants, déclare: “Nous avions envie de rebondir sur de nombreuses choses que différents acteurs disaient sur divers sujets. Il était cependant difficile pour nous d’intervenir, et ce de manière structurée, afin de partager tous nos commentaires sur les différentes interventions. Nous avons donc dû nous forcer à nous imposer de plus en plus au fil de la journée. Ceci était un aspect très constructif de l’exercice car il est très fréquent de devoir saisir soi-même la parole afin de soumettre son avis. Peu de formations nous entraînent à avoir une aisance à l’oral ; cette simulation répond parfaitement à ce problème. En m’inscrivant à cette activité sur la transition énergétique dans le Grand Paris, je ne savais pas que nous ferions un jeu de rôle. J’ai donc d’abord été déçue mais j’ai vite changé d’avis. En plus d’être un moyen d’améliorer son aisance à l’oral et sa capacité à argumenter, cet exercice nous a permis d’acquérir rapidement des connaissances et de comprendre la position de différents acteurs sur le sujet, et ce de manière ludique.”

-Gianni Vinciguerra / maire de Fleurymon-

Gianni Vinciguerra / Maire de Fleurymon

Pour Gianni Vinciguerra, étudiant en seconde année de master Environnements Urbains et à cette occasion maire de la ville fictive de Fleurymon, située au coeur du Grand Paris, la simulation est “un exercice éprouvant mais complet. […] Le rôle de maire permet ainsi d’aborder tout un panel de domaines tout en rencontrant dans le même temps la totalité des acteurs en jeu. Après avoir réfléchi à une première base de stratégie à mettre en place, il convient de rencontrer les différents acteurs dans l’idée d’écouter, d’enregistrer et de confronter les idées échangées. Cette phase d’échanges autour de divers sujets se révèle être à la fois formatrice et difficile : sans entrer dans le détail des négociations, c’est néanmoins une première ébauche de compromis qui est recherchée ici. […] C’est la diversité des arguments à laquelle nous avons dû faire face lors du débat (à la fois politiques, économiques, sociaux, techniques…), ainsi que le large spectre d’acteurs rencontrés qui ont constitué la difficulté majeure de l’exercice…Tout en en faisant la force et l’intérêt !”

Et de conclure avec un beau message: “On en ressort grandi […], avec le sentiment profond d’être utile dans le processus infini de la construction de la société de demain.”

-Thomas Ilhe en Préfet, au centre-

Thomas Ilhe en préfet, au centre

Thomas Ilhe, également étudiant en M2 Transports et Mobilité a, quant à lui, revêtu le costume de Préfet d’Île-De-France: “La journée de simulation fut très stimulante. Elle demande une attention de tous les instants sur ce qui est dit par l’ensemble des acteurs, en particulier ceux qui nous intéressent directement (mairie, Région, Société du Grand Paris). Il était très difficile, en tant que préfet, de tenter d’établir une concertation entre des acteurs défendant pour beaucoup des intérêts privés. Ainsi l’exercice nous a permis de comprendre pourquoi la construction des politiques publiques était un art difficile dont la critique est parfois trop facile. Une politique publique se doit de répondre à l’intérêt général, notion complexe à définir tant la somme des intérêts privés ne peut créer un résultat satisfaisant pour l’ensemble des acteurs. Les politiques publiques sont imparfaites, et l’action des pouvoirs publics est donc de tenter de les améliorer constamment.”

Malgré les difficultés rencontrées, le défi a été brillamment relevé: interventions et idées pertinentes, arguments solides, travail de recherche en amont, le bilan de cette simulation made in UPEC est très positif. Quelques étudiants avaient même préparé des supports de présentation contenant divers schémas, images et diagrammes bien pensés.

Des étudiants investis dans leurs rôles pour un rendu convaincant

A la fin de la journée, les participants à la simulation ont pu réagir à chaud et engager un échange avec l’enseignant. Ils se sont réunis le lendemain pour une analyse plus approfondie de ce qui s’était passé tout au long de la journée de simulation. Les étudiants ont également fourni un journal de bord individuel d’au moins deux parties. La première, qui devait être remplie à la veille de la simulation, incluait des questions, remarques, réflexions sur les enjeux, sur son propre rôle et celui des autres. La deuxième, complétée après le jeu de rôle, a permis de rendre compte de ce que les étudiants avaient appris et retenu, mais aussi des impressions personnelles et suggestions éventuelles d’amélioration de la simulation. Ce moment de réflexivité doit aider à cristalliser les apprentissages et à garder une trace de l’expérience qui les accompagnera dans la suite de leurs études et au delà.

Pour Forccast, cette première simulation chez un partenaire de l’Université Paris Sorbonne Cité ouvre de nouvelles perspectives pour la dissémination des expériences pédagogiques proposées par le programme au sein de la Communauté d’Universités et Établissements dont fait partie Sciences Po !